Une famille Un monde

Mais qu’est-ce qu’on fait là ?

une année à vélo et en famille

Partis le 3 juillet 2010 de leur maison dans l’Ain, Florian, Carine, Zoé (8ans) et Mahaut (2ans ½) ont parcouru plus de 10 000km, traversant la Cordillère des Andes de l’Equateur à la Patagonie. Une vie nomade à affronter le froid, la pluie, la sécheresse, le vent et le soleil pour finalement toujours trouver le réconfort auprès des peuples sud-américains rencontrés.

Au départ, un projet de rapide tour du monde en tête, le voyage se transforme petit à petit en découverte approfondie de la Cordillère des Andes à travers l’Equateur, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine et le Chili. Choisi pour être simple, économique et passe partout, le vélo devient rapidement un passeport pour les rencontres. Entre immersion dans les paysages de montagnes et accueil par les habitants, la richesse des découvertes fait oublier la dureté du voyage.

Les parents découvrent toute la générosité des peuples andins tandis que Zoé parcourt les écoles péruviennes et que Mahaut s’éveille au monde dans la tradition nomade. Des milliers de photos, des heures de vidéos et des carnets de voyage tenus par toute la famille témoignent de l’effervescence du voyage qui vous fait plus que vous le faites.

Une traversée de l’atlantique en cargo avec des escales au Brésil, au Sénégal, et en Europe du Nord a permis de compléter cette découverte en prolongeant encore d’un mois le retour à la vie sédentaire le 28 août 2011.

Ce blog, rédigé jour après jour pendant notre périple, est riche en souvenirs, photos, vidéos et détails pratiques pour ceux que l’aventure tente. Bon voyage…

Préparatifs

Avant le départ

A la question « Êtes-vous prêts ? », nous répondons « non ». A moins de 24h du départ, il nous manque encore quelques pièces de vélos, l’étage de la maison n’est toujours pas débarrassé, et les petits soucis administratifs s’accumulent. Mais vous êtes tellement nombreux à nous encourager de vive voix, par mail ou à travers les commentaires de ce blog, que nous maintenons le cap et nous partirons bien demain. Dès que nous nous serons éloignés, libérés de l’écrasante présence des objets (pourquoi accumulons-nous tant de choses ?), nous trouverons bien du temps pour vous répondre à tous.

Au fait, merci les parents : « Nous sommes partagés entre deux sentiments;la fierté et l’inquiétude. Nous sommes fiers de votre courage, fiers de votre ouverture d’esprit tournée vers les autres, fiers de votre soif de découvrir d’autres cultures, admiratifs du travail de préparation que vous avez fourni pour mener à bien ce projet. Notre inquiétude est celle tout à fait naturelle de parents et de grands-parents qui vous aiment. Mais rassurez-vous notre fierté supplante largement nos craintes. Bon vent à tous les quatre!!! ».

Quelques photos de la préparation de notre calendrier VTT pour les randonnées :

Avion et quelques précisions

Plus qu’une semaine avant le départ et nous continuons à avancer dans les préparatifs. Le premier avion est réservé. Nous partirons le 12 août de Barcelone pour rejoindre Bogotá puis Quito en à peine 13h de vol. Ce qui nous laisse plus d’un mois pour faire le trajet entre Rignieux-le-Franc et Barcelone à vélo bien sûr. Ça nous donnera pas mal d’occasions d’aller nous baigner, de rencontrer quelques amis sur le route avant de nous retrouver pendant plusieurs mois entre 2000m et 4000m d’altitude.

Nous sommes actuellement à la recherche de contacts à Barcelone et à Quito pour nous héberger et nous faciliter les transferts entre aéroports et centre-ville. Internet se révèle à nouveau être un outil extraordinaire de rencontre entre cyclotouristes partout dans le monde (mais comment faisait-on avant ?).

Pour ceux qui veulent plus de précisions sur le trajet que nous projetons de suivre depuis Quito : prendre une mappemonde, placer un doigt sur l’équateur, un autre sur ushuaïa « fin del mundo » et nous imaginer sur nos vélos suivre la Cordillière des Andes pendant 8275 km. Plus modestement, en fonction des climats rencontrés et de nos envies, il est possible que l’on s’arrête à Santiagao de Chile pour partir vers d’autres aventures (Sydney) vers le mois de février.

Cette semaine, nous terminons nos cartons et nos vaccins et nous trouvons le temps d’inviter les amies de Zoé à une dernière rencontre avant le départ. Merci de votre présence !

Visite à l’école

Cet après-midi nous sommes passés avec nos vélos et tout notre équipement « tour du monde » rendre visite aux élèves de l’école de Zoé. Plein de questions très pratiques de la part des copains et copines : « comment allons-nous nous laver ? », « comment allons nous stocker la nourriture ? », etc…

Nous n’avons pas eu le temps de montrer la tente montée, alors voici deux photos :

Merci à toute l’équipe de l’école de nous avoir reçus. Nous espérons bien avoir de vos nouvelles l’année prochaine !

Sortie de 4 jours pour tester le nouveau matériel

Nous profitons d’un long week-end pour partir 4 jours rendre visite à des amis à l’autre bout de l’Ain. Un périple de 200km aller-retour qui doit nous permettre de vérifier que tout roule. Jeudi, nous remplissons nos sacoches et constatons qu’il va falloir encore affiner la notion de nécessaire et de superflu. C’est donc avec les vélos bien chargés que nous partons vers le nord du département sous un ciel également bien chargé et une température de 9°C.

Cette première journée sera marquée par une rencontre improbable. A à peine 50km de chez nous, alors que je fais une dernière pause avant de monter la tente, un inconnu décide de m’offrir un cadeau : un livre récit de son tour du monde ! L’inconnu s’appelle Marcel Blanc et n’est pas un inconnu pour moi. Il y a quelques semaines, je suis tombé sur la première édition de son livre et je l’ai dévoré en quelques jours. Le récit de cet employé de chez Bresse Bleu parti à 40 ans faire le tour de monde en solitaire pendant 3 ans et demi m’avait beaucoup touché. Un témoignage tout en simplicité et pas moralisateur. Rendez-vous est donc pris avec Marcel pour que l’on se revoit et que l’on discute voyages.

Le lendemain, nous suivront les vallées du Revermont pour arriver à Domsure, à l’extrême nord de l’Ain. Nuit à la ferme en compagnie de nos amis chevriers. Nous repartons samedi avec une bonne réserve de fromages. La pluie arrivera en milieu d’après-midi pour ne plus nous quitter jusqu’au soir, où un peu fatigué nous dormirons à proximité d’une ferme accompagnés d’un vieux jars un peu effrayé par cette bruyante compagnie. Car pour le coup, les filles sont dans un forme explosive.

Déjà dimanche et le retour à la maison à travers la Dombes. Levés à 7 heures, nous en profitons pour ponctuer la journée de multiples arrêts qui nous permettent d’allier avancée tranquille et défoulement pour Zoé et Mahaut, toutes les deux ravies de ce week-end au grand air.

Petit bilan de randonneurs devenus cyclotouristes :

Au final, beaucoup de bonheur et de rigolade pendant ces 4 jours. Vivement le grand départ !

De l’autre coté des Pyrénées

Nous quittons Marie-Jo et Gérard ce matin.

Armés d’une carte IGN de la Costa Brava, nous suivons les conseils de Gérard pour rejoindre l’Espagne par le col du Perthus. Une route interdite aux vélos nous fait rebrousser chemin et trouver un autre passage. Finalement, nous dormons un peu avant la frontière.


Baraque de pêcheur à Canet

28 juillet 2010 – Le Boulou – Figueres

Cette journée fût difficile. Elle avait pourtant bien commencé par une ascension du Perthus plutôt facile. Les camions sont interdits sur cette route la journée et les touristes en voiture sont prudents sur ces routes sinueuses.


Le Perthus coté espagnol

Coté espagnol, c’est le contraire : la plupart des touristes français ne vont pas plus loin et s’arrêtent à la frontière pour acheter alcool et cigarettes. Pour nous, il faut jongler entre les poids lourds sur l’unique route jusqu’à la Jonquera. Dès que possible, nous tentons notre chance vers l’ouest mais ça grimpe raide et nous finissons par nous perdre en suivant des chemins de randonnée.


Le charme des villages espagnols

A quelques kilomètres de Terrades, sur les conseils des habitants et parce que nous n’avons plus un centime en poche, nous virons sur Figueres. Nous y trouvons de quoi manger mais pas un endroit pour dormir. Un peu assommés par la chaleur et avec la nuit qui s’annonce, nous demandons à planter notre tente à la première maison avec jardin. Nous avons la chance de rencontrer Claire qui vit ici depuis 7 ans avec qui nous discuterons un bonne partie de la soirée. En plus des cartes de la région, nous trouverons le lendemain matin des tomates et des livres pour les enfants à emporter avec nous.


Un peu d’ombre

29 juillet 2010 : Figueres – Salt (Girona)

Nous avions pris rendez-vous avec Pau et sa famille par l’intermédiaire du site warmshowers.org. Il nous faut donc arriver à Salt avant la nuit. Mais encore une fois, le jeu est d’éviter la terrible « national dos » et les autoroutes. C’est par Banyoles que nous passons.


Le ciel se couvre


L’étang de Banyoles

Mais au bout de 60km, le seul moyen d’entrer dans Girona est une 2×2 voies où la vitesse minimale conseillée est de 60km/h ! Pas le choix, l’arrivée sur Girona est périlleuse mais l’accueil chez Pau et sa famille nous fait oublier les difficultés. Autour d’un délicieux plat catalan (fideua) nous discutons dans un mélange d’espagnol, de français, d’anglais et de catalan.

Moltes gracies Pau, Carme, Arnau i Julia !

Toujours plus haut

18 août 2010 : Repos à Quito

19 août 2010 : Quito moderne

Après le Quito colonial, nous consacrons une journée à la visite du Quito moderne. Ce quartier regroupe des maisons colorées abritant des pensions, des restaurants et des magasins «occidentaux». Un petit air de quartier pas désagréable.

Des agences de voyage vendent des séjours aux Galapagos ou en Amazonie et des magasins de sport vendent l’équipement nécessaire à ces séjours. Ca sent le tourisme hors de prix alors on décide de s’éloigner un peu pour trouver un petit restaurant où se retrouvent les employés des alentours. On mange un repas complet pour 2,50$. Au retour quelques maisons insolites.

L’après-midi est consacré à l’inévitable pause jeux pour Zoé et Mahaut dans un parc agréable. Nous constatons une fois de plus la grande gentillesse des équatoriens qui s’occupent de nos filles comme de leurs enfants en les aidant sur tous les ateliers. Le soir, nous discutons avec Luis, de l’association Ciclopolis, pour organiser notre départ de Quito.

20 août 2010 : Les hauteurs autour de Quito

Ce soir, Marco nous emmène voir Quito de plusieurs points de vue surélevés de la ville. Ce qui surprend, c’est l’extrême étendue de la ville. Coincée entre deux flanc montagneux à l’Est et à l’Ouest, elle s’étend du Nord au Sud, escaladant la montagne par endroit.

Au loin nous apercevons le Cotopaxi que nous rejoindrons dans quelques jours.

Ces différents points de vue géographiques se complètent de différents points de vue sur la population. Nous passons d’un quartier pauvre, où l’on nous conseille de passer uniquement en voiture, à des quartiers aisés où nous boirons un verre sur une terrasse surplombant la ville à la tombée de la nuit.

21 août 2010 : 8 ans en Equateur

Pour les 8 ans de Zoé, nous montons à 4100m (en téléphérique, avouons-le). Elèves de France, sachez que l’on vous ment : en Equateur, il peut faire très froid ! La Terre ayant un forme d’orange (bombée sur l’équateur, aplatie sur les pôles), nous sommes même un peu plus haut que les 4100m européens.

Ce qui surprend c’est l’absence de neige à cette hauteur, mais le vent est glacial. Entre autres, nous irons également voir une compétition de descente à VTT et un parc d’attraction.

La journée se finira avec la traditionnelle fête d’anniversaire comprenant cadeaux, gâteaux et jeux. Evidemment, Zoé, qui ne savait rien de cette journée, est ravie.

22 août 2010 : Quito – Machachi

Qu’est ce qu’un pays riche ? Si l’on parle d’argent et de possession matérielle, la France est bien plus riche que l’Equateur. Mais si l’on parle de sourires et de disponibilité, alors nous sommes le pays pauvre. Nous en avons encore eu la preuve aujourd’hui avec l’association Ciclopolis dont les membres nous ont accompagné pendant les 30km pour sortir de Quito en se relayant à vélo puis en nous suivant en camion pendant les premiers kilomètres bien dangereux de la panaméricaine. Marco nous a accompagnés une partie du trajet sur son vélo. Et au moment de nous quitter, nous versons quelques larmes derrière nos lunettes de soleil. Car lui aussi, pendant 10 jours, s’est occupé de nous en nous faisant découvrir Quito de jour comme de nuit, ce qui nous a permis de vraiment apprécier cette ville si différente de nos capitales européennes. Et puis tous ces encouragements le long de la route, les sourires, les pouces levés, les coups de Klaxon sympathiques ont contribué à faire de cette première étape en Equateur un bon moment. Le soir venu, après s’être vu refuser l’accès à la ferme militaire que nous avait conseillée Luis, nous trouvons un carré d’herbe au milieu d’une «hacienda» le long de la panaméricaine. A la nuit tombée, nous mangeons serrés dans la tente. La température a chuté.

23 août 2010 : Machachi – El Boliche

La banane est vraiment le fruit de l’équateur. Zoé, en traversant la ferme, constate que l’on en donne même aux vaches. C’est un fruit plein d’énergie et nous en avons besoin aujourd’hui où l’on passe le col du Cotopaxi, volcan majestueux recouvert de glace. Nous avons passés 20 jours sans pédaler et ça se sent. Nous souffrons pendant les 17km que dure cette montée. Alors que je répare un crevaison sur la roue droite de la carriole (celle qui passe dans les bas-cotés douteux de la panaméricaine), nous rencontrons deux cyclovoyageurs allemands partie d’Alaska à vélo. Ils roulent depuis plus d’un an et semblent en avoir assez. Nous échangeons nos mails et faisons quelques photos.

Reposés par cette bonne discussion, nous reprenons notre route vers le Cotopaxi mais c’est finalement en se trompant de route que l’on découvre le parc El Boliche. Un endroit superbe loin de l’agitation où nous campons en toute sécurité.

24 août 2010 : Près du Cotopaxi

Pour observer les sommets glacés des volcans en Equateur, il faut se lever tôt. C’est ce que je fais ce matin pour partir marcher dans le parc et faire quelques photos. Certains sommets recouverts de nuages hier sont visibles ce matin mais le Cotopaxi qui culmine à 5897m est toujours entouré de sa corole de nuages !

Nous avons dormi à 3550m, le point le plus haut de notre passage en Equateur et le climat des Andes se dévoile enfin : nuit glaciale, givre un peu partout le matin que les premiers rayons de soleil font fondre rapidement puis soleil de plomb qui se voile rapidement en fin de matinée. Le froid retombe à 17h et la nuit à 18h.

25 août 2010 : El Boliche – Latacunga

Levés à 6h30, nous plions le campement sous la pluie et dans le froid avec plus grand chose à manger. 5km plus loin, un café chaud dans une station service nous remonte le moral. Nous entamons la grande descente (55km !) jusqu’à Latacunga. Le trafic sur la panaméricaine est très supportable. Trois «almuerzos» (menus du jour) nous calent pour la journée et nous arrivons à Latacunga en début d’après-midi. Nous avons le nom d’un contact à la mairie pour l’hébergement de ce soir mais avant d’atteindre le bâtiment municipal, un cycliste s’arrête pour nous prendre en photo. Je lui explique que nous cherchons un endroit sûr pour passer la nuit. Il appelle un ami qui tient un magasin de vélo et qui nous ouvre sa remise pour poser nos affaires et dormir. Quelques jus de fruits plus tard, nous partons visiter le centre-ville plein de charme et tellement plus calme que celui de Quito.

Pas de supermarché mais un marché immense où l’on trouve de tout. On fait le plein de riz et de pâtes et on achète une nouvelle paire de gants pour Mahaut.

Demain, rendez-vous à 8h à la mairie pour un petit déjeuner dégustation de produits locaux. De quoi bien commencer la journée…

Alors, heureuses ?

En route pour Jaen

25 septembre 2010 : San Ignacio – 20 km avant Tamborapa

Le bon génie qui suit notre voyage a eu la bonne idée, ce matin, de changer une nouvelle fois le décor. De la montagne sèche de San Ignacio, nous descendons dans la vallée du Rio Chinchipe.

Dans les premiers kilomètres, on se croirait à Sapa au Vietnam : des rizières avec les montagnes en toile de fond.

Le bon génie a eu également l’idée de nous faire parcourir la vallée dans le sens descendant et d’aplanir un peu la route, ce qui rend cette étape très agréable.

Toujours peu de voitures, on se croit seuls au bout du monde. Sauf à la pause repas où une famille entière sort d’on ne sait où pour toucher les cheveux de Mahaut. Il fait 40°C à l’ombre.

26 septembre 2010 : 20 km avant Tamborapa – Jaen

Réveillés à 4h du matin par un cochon égorgé (ici, pas de frigo, on tue quand on veut de la viande), nous sommes prêts à l’aube. Tant mieux car la journée s’annonce encore très chaude. La chance viendra sous la forme d’un motard, Milton, qui nous donne l’adresse d’un magasin de vélo à Jaen : «El Ciclista». Nous pouvons nous rendre là-bas, nous serons bien reçus. La route continue à sillonner des plaines cultivées en bordure des rivières.

Riz, ananas, mangues, papayes en abondance. Nous retrouvons l’asphalte et avec lui un peu de civilisation à mi-chemin.

En fin de parcours, nous sommes accompagnés par un cycliste puis un motard qui nous questionnent sans relâche.

65km plus tard, nous sommes à Jaen en plein défilé de mototaxis aux couleurs des différents partis politiques qui s’affronterons dimanche prochain. On se faufile parmi les manifestants pour rejoindre la «casa el ciclista». Miguel qui tient le magasin est absent mais toute la famille nous accueille à bras ouverts. Ils nous prêtent une chambre et nous mettent en garde sur la dangerosité de la ville. Récemment, deux personnes se sont faites tuer et les habitants sont en émoi. ça ne nous empêche pas d’aller déguster un bon poisson grillé suivi de flans et de yahourts artisanaux. J’ai l’impression qu’ici comme ailleurs, on parle beaucoup d’insécurité avant les élections.

27 septembre 2010 : Jaen : «El ciclista»

Nous passons la journée dans l’atelier de réparation de vélo du senior Miguel. C’est la caverne d’ali baba du cycliste. Toute la famille monte et démonte des vélos du matin au soir. Une seule règle : la débrouille. Et un savoir certain. Tous les amoureux de vélo viennent régulièrement ici. Miguel commence à récupérer des bouts de tube et des vis pour réparer et améliorer le système de roulement de la charriote de Mahaut. Le système très fragile d’axe fusée de Charriot va être remplacé par de la technologie péruvienne adaptée aux routes péruviennes.

Il continue à faire chaud, très chaud, ce qui n’empêche pas les enfants de jouer.

28 septembre 2010 : Jaen : «El colegio»

Quand Miguel nous propose de visiter l’école de ses filles, nous sautons sur l’occasion. A Cuenca, nous nous étions heurtés au refus du directeur. Ici, il est content d’accueillir ces deux professeurs venus de France. J’ai droit à la visite complète de l’école pendant que Carine se repose sur un tapis de la maternelle. C’est à son tour d’être malade. Comme partout au Pérou, les enfants m’accompagnent bruyamment en répétant inlassablement les mêmes questions : «De donde viene ?» et «Como te llamas ?».

Un élève s’étonne de ma grande taille. «Il a bu beaucoup de lait» répond sa maitresse. Je ne démens pas.

Cette école publique est la plus ancienne de Jaen et une des plus anciennes du Pérou. Cela explique en partie qu’elle soit si bien équipée par rapport aux autres établissements que nous avons vus. Une bibliothèque, un laboratoire, une salle informatique et des salles avec suffisamment de tables et de chaises. Pour le reste, les manuels sont édités par l’état (religion et patriotisme à chaque page) et les élèves sont très bruyants !

Pendant que je visite, Zoé et Mahaut se font entraînées par un autre groupe d’élèves et je les retrouve assises à une table dans une classe. Je récupère Mahaut et laisse Zoé trop heureuse d’aller à l’école !

Fin des cours à 12h30. Repas délicieux pour 3 (Carine ne mangera pas aujourd’hui, vous dire si ça va mal). A 14h30, Zoé retourne à l’école pour le sport. Mais le mieux est de la laisser raconter tout ça dans sons journal … prochainement.

Un autre Miguel (guide touristique, négociant en riz et en café) rencontré dans l’atelier de vélos (c’est fou le monde qui passe ici) m’emmène faire une balade à vélo à travers les rizières en bordure de la ville. Nous discutons (autant que mon espagnol le permet) de la vie au Pérou et en France. Ici le salaire minimum est de 200 sols (50€). Il permet de manger correctement et de vivre dans une cabane sans eau ni électricité. A partir de 500 sols (120€), on mange bien, on peut vivre dans un appartement et conduire une moto. Je précise que par appartement, il faut voir une ou deux pièces très simples et que la moto n’est pas vraiment du dernier cri. Au delà, on commence à faire partie des riches.

29 septembre 2010 : Jaen – Suite et fin

Le Pérou, comme tous les pays pauvres, paye cher le changement climatique, dû essentiellement au mode de vie énergivore des pays riches. Les glaciers fondent et avec eux les réserves d’eau potable du pays. Les cours d’eau s’assèchent et le rendement des cultures traditionnelles est en baisse. En particulier, la culture du riz, aliment principal, devient difficile. Ajoutons à cela les désastres naturels qui détruisent en partie les habitations des plus démunis.

La notion d’écologie pointe le bout de son nez à l’école où Zoé est retournée aujourd’hui. Des projets concernant la sauvegarde des espèces animales et végétales sont menés dans les différents niveaux. La classe politique en parle un peu également. Par exemple, ce soir nous sommes invités par un des candidats à faire un tour de vélo en ville avec d’autres cyclistes pour promouvoir le déplacement durable. Il faut dire que cette semaine est la semaine «marathon meeting». Chaque jour des mototaxis défilent aux couleurs des différents partes (pas moins de douze rien que pour la ville de Jaen). Chaque soir un podium et une sono sont montés en ville pour accueillir les candidats. Des slogans sont scandés entre deux morceaux de salsa. Un coté fête populaire accompagne la campagne politique. Côté programme, la plupart des candidats sont du côté des pauvres (il vaut mieux par ici), beaucoup parlent de travail (une denrée rare), de la fin de la corruption (preuve que ce fléau ronge encore le pays) et de lutte contre l’insécurité (tient, ça me rappelle quelque chose…).

Mise à jour

Je profite de notre arrivée à La Casa Del Ciclistas de Trujillo et de la gentillesse de Lucho et de sa famille pour mettre à jour le site. Les photos manquantes de l’article « Comme des momies au Pérou » sont maintenant en ligne : Kuelap, des fruits inconnus, des animaux incroyables, des momies et plein d’autres choses…

Ca ne s´arrêtera jamais…

C’est une petite histoire bien connue. Disons qu’elle se passe au Pérou :

Un pêcheur péruvien va pêcher trois heures chaque matin dans le lac près de chez lui pour nourrir sa famille. L’après-midi il se repose en regardant les nuages et le soir il va jouer de la guitare et chanter avec ses amis. Un jour, un homme d’affaires américain vient le voir et lui dit :

«- Pourquoi ne pêches-tu pas plus longtemps ?

– Pour quoi faire ?

– Pour pêcher plus de poissons !

– Et qu’est-ce que j’en ferai ?

– Tu pourras les vendre au marché de ton village et gagner un peu d’argent.

– Et qu’est ce que je ferai de cet argent ?

– Tu pourras t’acheter un plus gros bateau et aller pêcher plus loin sur le lac d’autres poissons et faire les marchés dans la région.

– Et après ?

– Avec tout l’argent gagné, tu achèteras des bateaux pour aller pêcher sur l’océan.

– Mais je ne pourrai pas m’occuper de tous ces bateaux.

– Tu prendras des employés que tu payeras peu en leur faisant croire qu’ils ont de la chance d’avoir du travail.

– Et après ?

– Tu construiras des usines pour mettre en boîte les poissons et tu exporteras ta production dans tout le continent.

– Et alors ?

– Tu deviendras millionnaire, tu te feras construire une immense maison et tu auras plusieurs voitures.

– Et après ?

– Après ? Tu prendras ta retraite et tu profiteras des dernières années de ta vie.

– Pour faire quoi ?

– Et bien … tu pourras aller pêcher tranquillement le matin pendant trois heures, te reposer l’après midi en regardant les nuages et le soir aller jouer de la guitare et chanter avec tes amis…»

C’est à cette histoire à laquelle je pense quand, du haut de mon vélo, j’observe le mode de vie nonchalant et tranquille de ces villages agricoles où passe à peine une route et où tout le monde sourit.

20 octobre 2010 : Cajamarca

On dit de Cajamarca qu’elle est la ville la plus espagnole du Pérou. C’est vrai que la place centrale est jolie avec une richesse architecturale inhabituelle. Mais son véritable atout à nos yeux est qu’on y trouve plein de fromages ! Pas de quoi rivaliser avec un plateau bien de chez nous, tous ces fromages étant plus ou moins des dérivés de gouda. Mais nous ne boudons pas notre plaisir tout de même.

Et comme pour chaque retour dans la civilisation, on en profite pour assouvir nos envies de cuisine européenne. Ce sera dans un excellent restaurant italien avec des lasagnes savoureuses !

21 octobre 2010 : Cajamarca – San Marcos

La journée de repos nous a donné des ailes (à moins que ce soit la Pina Colada d’hier soir…) : deux cols et 70 km de route asphaltée. Du bonheur. On arrive un peu tard à San Marcos mais nous dormons pour trois fois rien dans un hôtel en construction.

22 octobre 2010 : San Marcos – Aguas Calientes

Réveil difficile. J’ai un peu de fièvre et des courbatures. Carine n’a guère plus d’énergie que moi et Zoé en a marre également. Nous gravissons un col. On s’arrête pour souffler au sommet.

Je discute avec un groupe de profs au bord de la route. Ils m’indiquent des eaux thermales un peu plus loin. Nous suivons les indications et découvrons un paradis (non fléché). Je demande à camper à la première hospedaje. Une vieille dame nous ouvre gratuitement son jardin avec bain d’eau thermale à disposition. Le rêve ! On retrouve tous le sourire et la forme.

23 octobre 2010 : Aguas Calientes – Cajabamba

Une dernière trempette à 50°C et c’est l’heure du départ. Aujourd’hui, c’est jour de marché. Embouteillage sur la route surchargée de taureaux, de moutons, d’ânes et de chevaux. Nous nous frayons un chemin à contre-courant. Un peu plus loin, nous sommes arrêtés par la police deux fois de suite. La première, c’est pour nous donner des oranges, la deuxième pour nous indiquer où dormir. A Cajabamba, nous trouvons une petite maison coloniale avec patio pour garer nos vélos. Nous prenons une chambre et nous nous offrons le traditionnel poulet-frites de la victoire. Et nous dormons comme des bébés pendant 12h.

24 octobre 2010 : Cajabamba – Chuipan

Bien décidés à prendre notre temps comme de vrais péruviens, nous déambulons dans le gigantesque marché du dimanche. Ici, c’est le bruit et l’odeur (comme dirait l’autre) et c’est un vrai régal (preuve qu’il n’avait rien compris). On vend de tout, les bonimenteurs se donnent en spectacle et il faut slalomer entre la foule, les mototaxis et les ânes. Dépasser tout le monde d’une tête se révèle être un bon avantage…

Il nous faut ensuite remonter sur les vélos et l’état de la route n’est pas au beau fixe. Mais les villages traversés sont agréables.

Les costumes des femmes deviennent de plus en plus colorés et les sourires toujours aussi nombreux. Nous traversons un village spécialisé dans la fabrication des tuiles (en terre cuite évidemment). Nous projetons de faire une grande étape mais à l’entrée d’un village, un couple nous propose de dormir là. On accepte d’autant plus qu’ils nous ouvrent la maison de leurs parents absents pour l’instant. Nous sommes également invités à partager la soupe du soir et le petit déjeuner. Moments uniques où l’on partage le quotidien de ces montagnards. Notre hôte nous révèle ainsi le vrai secret du Machu Pichu. Mais je vous le dirai plus tard…

Cela nous donne l’occasion de montrer à quoi ressemble l’intérieur d’une maison de paysan (soit l’écrasante majorité de la population dans la région) :

25 octobre 2010 : Chuipan – Sausacocha

Nous avions un objectif modeste pour cette journée : aller déguster une truite fraîche près d’un lac. Que voulez-vous, le moral est dans l’assiette ! C’était sans compter avec les travaux. Remarquez, maintenant nous savons tout de la construction d’une route. D’abord, prenez une route défoncée abandonnée depuis 20 ans (5km à éviter les trous),

ajoutez un lit de pierre et de gravier (5km à tomber et à remonter),

recouvrez de sable fin (5km à pousser les vélos dans la poussière),

et enfin déroulez de l’asphalte bien collant (5km à reboucher les pneus et les semelles).

Plusieurs heures plus tard, on pense être enfin sorti de cet enfer quand la pluie et le vent glacial nous signalent que nous sommes bien arrivés au col. Et le sable plus de l’eau ça colle. Descente périlleuse. On s’abrite un peu puis on repart. Mais rassurez-vous, on dégustera bien notre truite accompagnée de café brûlant. Campement à côté du restaurant avec nos amis les chiens.

26 octobre 2010 : Sausacocha – Huamanchuco

L’état de la route ne s’améliore pas. Après les graviers, nous voici en train d’essayer de pédaler sur une route en … sable !

Et ça monte. Jusqu’à une montagne dont on exploite les gisements d’or.

Vu l’état du village de mineurs, je pense qu’ils ne doivent pas en garder beaucoup pour eux de l’or…

Nous, on ne trouve que des noix de pécan.

Oups !

Est-ce l’abus de Pisco ou de l’excellente Cusquena Negra, le fait est que j’ai oublié 2 jours dans les articles précédents. Voici le forfait réparé :

15 novembre 2010 : Urco – Moccoraisi

Petit déjeuner au bord du lac. Nous avons rendez-vous avec Mario 30 km plus loin. La route est facile et le temps idéal. Une fois dans le petit village de Moccoraisi, nous nous régalons à nouveau de l’excellente cuisine péruvienne. L’après-midi est consacré à la visite du village qui bien que peu éloigné de la route donne l’impression d’avoir franchi une frontière. Ici, on parle Quechua et quelques curiosités valent la peine d’être racontées :

1 – La justice locale

Il existe au centre du village un tribunal communautaire parfaitement reconnu par la justice péruvienne. On y règle, sous l’autorité d’un sage élu pour 2 ans, les problèmes entre habitants du village. Ce premier niveau de justice présente l’énorme avantage d’être totalement gratuit.

2 – La construction des maisons

On continue à construire, comme à l’époque des Incas, les maisons en adobe. Les techniques de construction sont connues de tous les habitants et l’entraide permet de bâtir sans avoir à payer une entreprise. De la véritable «autoconstruction».

3 – Les tuiles faîtières

Depuis Cusco, les tuiles faîtières sont décorées. Ici des taureaux apportent solidité aux maisons et éloignent les mauvais esprits. Pour cela il faut qu’ils regardent apparaître le premier rayon du soleil disent certains. D’autres pensent qu’il vaut mieux qu’ils soient orientés vers le soleil couchant. Ce serait plus efficace contre les mauvais esprits de la nuit. Quoi qu’il en soit, ce culte du soleil énervait les Espagnols qui imposèrent la religion catholique. Les habitants du village trouvèrent vite la solution : on remplaça un des taureaux par une croix !

4 – L’arbre mangeur de pierres

Il existe dans le village un arbre curieux : un «pierrivore». la preuve en photo :

Et un passage à la radio locale también :

16 novembre 2010 : Moccoraisi

Journée studieuse ! Tous à l’école. Sur l’invitation de Mario et de son père, Carine va intervenir dans une classe de l’école publique de Moccoraisi. Mahaut en profite pour faire sa première journée à la maternelle. Et moi pour faire un petit reportage vidéo sans prétention que vous aurez un peu plus tard.

A plat !
DE FLORIAN ON 23 NOVEMBRE 2010 DANS PEROU
17 novembre 2010 : Moccoraisi – Combata

Quand on reste trop longtemps au même endroit, on s’étale. Ce matin, pour quitter les dortoirs confortables de Mario, il nous faut presque 3 heures ! Le trajet continue paisiblement ponctué par des pauses au bord de la rivière. Nous prenons lentement de l’altitude et dormons à 3400m. Encore 1000m de dénivelé avant de redescendre sur le lac Titicaca.

18 novembre 2010 : Combata – 10km avant Aguas Calientes

De grandes lignes droites un peu monotones ponctuées par la visite de Raqchi. C’est le dernier des cinq grands sites incas que nous visiterons. Il est connu pour son immense temple qui soutenait le plus grand plafond de l’époque.

Nous décidons d’aller jusqu’à des eaux thermales que nous n’atteindrons pas à cause de la nuit. Tonio et André repèrent un jardin avec de l’eau et des toilettes. On nous accepte avec nos tentes pour la nuit qui sera froide (4000m déjà).

19 novembre 2010 : 10km avant Agua Calientes – Santa Rosa

Nous passons sans trop de difficulté le col de la Raya. Il faut dire qu’on se trempe dans des eaux thermales et que comme ça nous donne faim on déguste une truite à 9h du matin. Ca aide.

En haut, la récompense est totale : nous voici sur l’altiplano péruvien, ce plateau situé à plus de 4000m et habité par l’homme. Le paysage change radicalement. Les Andes que l’on côtoie depuis maintenant trois mois nous surprennent encore.

20 novembre 2010 : Santa Rosa – Ayaviri

Plat, c’est plat ! Du jamais vu. Moins de 1m de dénivelé par kilomètre.

Plus plat que la plaine de l’Ain ! Avec une ligne de chemin de fer fantôme. On se croirait dans un road-movie américain.

Ce soir, c’est le Pérou comme on le connaît : pas d’eau dans le village et pour le menu c’est poulet-frites ou poulet-riz…

21 novembre 2010 : Ayaviri – Caracara

De grandes lignes droites avec le vent de face : le cauchemar du cycliste.

Et pour finir, le gros point sur la carte où l’on comptait acheter à manger et dormir se révèle être un hameau de quelques fermes sans rien. On campe en mangeant les restes.

22 novembre 2010 : Caracara – Juliaca

Toujours plat, toujours droit. Je commence à regretter les cols et les pistes. Côé positif : il fait beau et chaud et le vent est redevenu notre ami.

Nous arrivons à Juliaca par une banlieue triste avant d’atterrir dans un centre-ville agité où faire du vélo relève du jeu vidéo.

Et pour finir, le 2ème épisode de notre grande série du mois où nos valeureux pères se battent avec des chiens et une tente :

Et enfin un message de dernière minute d’André :

Dédé remercie tous ses amis pour leurs messages d’encouragement et de sympathie souvent chargés de l’humour qui leur sied si bien et leur dit à bientôt.

De 7 à 77 ans
DE FLORIAN ON 20 NOVEMBRE 2010 DANS PEROU
33 ans, 34 ans, c’ est vos réponses au grand jeu concours. Voyons un peu :

Carine : vous le voyez sur les photos, toujours 20 ans !

Florian : depuis mes 35 ans, je compte à l’ envers pour rejoindre Carine ! C est à dire bientôt 33 ans…

Mahaut : 3 ans le 1 janvier

Zoé : 8 ans

André : on ne dit plus son âge à cet âge. Disons « x »

Tonio : pareil. Disons « y »

Cela nous fait une moyenne de (20+33+3+8+x+y)/6=33,5

Chouette alors, vous avez tous gagné. On vous apporte votre lot dans 10 mois. Patience…

10 novembre 2010 : Ollantaytambo

Enfin arrivés à Ollantaytambo nous projetons de visiter les ruines Inca. Face à l’afflux de touristes, nous renonçons pour monter dans la montagne en face explorer d’autres ruines totalement délaissées par ce tourisme de masse. D’ici, superbes points de vue sur la vallée.



Et même dans ces villages envahis de bus, nous trouvons des restaurants prisés par les locaux où l’on mange bien pour presque rien et un hôtel paradisiaque pour guère plus. André parle déjà de revenir….

11 novembre 2010 : Ollantaytambo – Aguas Calientes
Lorsque Hiram Bingham redécouvre le Machu Picchu en 1911, il l’appelle «la cité perdue des Incas». Aujourd’hui, la cité est un des endroits les plus visités du monde. Et elle n’est plus perdue pour tout le monde : transport en train au prix exorbitant et droit d’entrée très élevé sans rapport avec le terme «patrimoine de l’humanité» : A ce tarif, seule une petite partie de l’humanité peut se l’offrir. Avec Carine, nous étions d’ailleurs partisans de ne pas visiter le site. Mais, tous les voyageurs rencontrés nous ont fortement conseillé de ne pas le manquer. Alors nous voici ce soir à Aguas Calientes qui est loin d’être le village plein de ce charme du bout du monde que décrit le «guide du routard». Temple du tourisme de masse serait plus adapté comme terminologie : magasins d’artisanat vendant tous la même chose, restaurants pizzerias au menu identique à prix très européen, rabatteurs pénibles abusant d’un «amigo» peu sincère et hôtels trop chers. Tout cela me rend un peu ronchon. Heureusement, avant de prendre le train, on s’est offert la visite matinale des ruines de Ollantaytambo :




12 novembre 2010 : Aguas Calientes – Ollantaytambo

Je sais que vous ne tenez plus, alors comme promis voici révélé le secret du Machu Picchu :
vu d’en haut, il ressemble à ça :

Incliner la photo de 90° et vous voyez ça :

Le visage de l’Inca apparaît de profil avec son grand front et son grand nez !





Notre objectif est de monter tout en haut du nez de l’Inca, c’est à dire au sommet du Huayna Picchu. Seuls les 400 premiers sur le site ont le droit de faire l’ascension, préservation du site oblige. On se lève à 4h00 pour atteindre l’entrée du site une demi-heure avant l’ouverture et obtenir le précieux tampon. Il faut porter Mahaut toute l’ascension et presser le pas, nous ne sommes pas les seuls. On arrive épuisés mais sous les applaudissements des autres marcheurs, étonnés de voir deux enfants faire l’ascension. La montée au Huayna Picchu n’est pas simple non plus mais au sommet nous sommes récompensés par une vue complète du site qui si vous regardez bien a une forme de condor.






Alors, à la question «fallait-il aller au Machu Picchu ?», je réponds oui. Du site se dégage une magie et une beauté architecturale étonnantes. Arriver tôt parmi les premiers permet de profiter du site et sans la foule qui arrive massivement en début d’après-midi…avec la pluie.


13 novembre 2010 : Ollantaytambo – Pisac


La même route qu’il y a trois jours mais à l’envers. Toujours dans notre vallée sacrée avec deux sacrées crevaisons. On mange de la charcuterie pour la première fois au Pérou et de la bonne.

14 novembre 2010 : Pisac – Urco

Nous continuons à remonter le fleuve qui descend jusqu’au pied du Machu Picchu pour rejoindre la Panaméricaine dont Mario m’a vanté le peu de trafic. Il n’a pas tort, c’est calme comme une route secondaire. On roule à un bon rythme pour atteindre la lagune de Urco. Le lieu est idéal pour camper. Et pour changer du vélo, on fait un tour de pédalo ! Un bon orage au montage des tentes permet de vérifier encore une fois que le temps change vite en altitude. Ambiance de fin du monde au village privé d’électricité.

C est tout ? Et oui, c est tout pour aujourd hui. Les tuyaux sont percés : plus d’ eau et guère plus d’ internet où nous sommes. Mais plein de bonnes choses pour bientôt : le deuxieme épisode des Papys Au Perou, l’ arbre mangeur de pierre et Carine qui reprend du service à l’ école … péruvienne.

Feliz Navidad

Chers amis,

Vous avez été nombreux à nous aider lors de notre périple en France, en Espagne, en Equateur, au Pérou et en Bolivie. Nous pensons bien à vous tous et nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année.

Amitiés de Oruro/Bolivie

Queridos Ciclistas y otros amigos, muchas Gracias por su ayuda durante nuestro viaje. Les desemos a todos feliz Navidad y un buen Nuevo Año.

Saludos desde Oruro/Bolivia

Florian, Carine, Zoé et Mahaut

Michael Jackson en Bolivie !

Avant que l’on quitte définitivement Potosi, les habitants nous l’ont affirmé : Michael Jackson s’est bien réfugié ici. Il aurait déclaré : « Par respect pour moi-même et pour mes fans, je suis venu me cacher ici, dans le trou du c… du monde ». Nous ne pouvons confirmer ces propos mais cette photo circule déjà sur internet :

Indéniable non ?

Fin de la « private joke ». Bientôt la suite de nos (mes)aventures (comment une porte de bus a voulu m’arracher une partie de la hanche, pourquoi nous sommes montés au Cerro Rico pour finalement redescendre, etc… ).

Portez-vous bien !

Prisamata

Prisamata : «qui est pressé sera tué». Voilà une expression typiquement argentine qui résume bien l’ambiance qui règne ici. Côté route, les Andes nous rejouent pour la troisième fois le film «passons d’un univers entièrement minéral à un monde totalement végétal» et nous ne nous en lassons pas. Les deux premières fois c’était en Equateur et dans le nord du Pérou. Cette fois-ci nous avons droit à la version couleur : de la «vallée des peintres» à la «montagne des sept couleurs» jusqu’à la jungle sub-tropicale ce sont encore et toujours des paysages à couper le souffle. Et puis, globalement, ça descend. Je dis «globalement» parce que pour descendre dans les Andes, il faut parfois franchir des cols !

13 et 14 février 2011 : Humahuaca

Nous passons deux journées allongés dans l’herbe à écouter les oiseaux et à lire. Le ciel est dégagé et tous les après-midi, un vent violent venant du sud tente d’arracher les tentes.

Lundi, nous comprenons que changer la jante du tandem ne va pas être simple. Nous cherchons une jante de 40 trous alors que le standard est de 36 trous. Peu d’espoir d’en trouver dans cette région. Il faudra voir à Salta.

15 février : Humahauca – Tilcara

Nous voilà enfin dans la célèbre quebrada ajoutée par l’Unesco à la liste du patrimoine de l’humanité. Il s’agit d’une vallée enserrée entre deux chaînes de montagnes colorées. Ici, les maraîchers font pousser salades, carottes et maïs. Les chevaux sont omniprésents. Et puis comme toujours en début d’après-midi, le vent du sud se lève et ça devient moins amusant de pédaler.

Nous entrons dans Tilcara juste avant la pluie du soir, non sans avoir passé le tropique du capricorne.

16 février 2011 : Tilcara

Toujours pas de pièce de rechange pour notre roue fatiguée. Nous en achetons une d’occasion pour pouvoir atteindre Salta. L’après-midi est consacré à la visite d’une pukara, l’une des nombreuses forteresses pré-inca qui jalonnent la vallée. Certains bâtiments ont été entièrement reconstruits avec pierres, bois de cactus, tiges de canne à sucre et toit en terre.

Un petit musée hétéroclite (comment souvent ici) complète la visite. Mais les momies ont été supprimées des vitrines par «respect de la personne humaine» (décision de 2004). Tant pis pour le témoignage historique.

17 février : Tilcara – Purmamarca

Seulement 27km séparent Tilcara de Purmamarca. Mais le terrible vent ralentit notre progression. A quelques kilomètres de l’arrivée, nous croisons à nouveau la famille française en 4×4, toujours avec ses 5 enfants. Nous discutons, mais cette fois-ci autour d’une bière fraîche directement sortie du frigo de leur véhicule. Ah, le confort moderne !

Revigorés par cette nouvelle rencontre, nous finissons la montée vers la «montagne aux sept couleurs». Comme dans le reste de la vallée des peintres, cette montagne est composée de roches aux couleurs variées et étranges.

Au centre du village, une agréable place ombragée, des hôtels- restaurants hors de prix et des souvenirs «locaux» (les mêmes que nous rencontrons depuis 4000km). Pour nous ce sera camping et repas maison.

18 février : Purmamarca – Yala

C’est après le village de Volcan, connu pour ses éboulements qui bloquent la route pendant des journées, que le paysage change brutalement. Les montagnes sont alors recouvertes de végétation et la vallée se transforme en grande prairie plantée d’arbres.

Nous rentrons dans la région subtropicale qui mène à San Salvador de Jujuy. C’est beau, c’est vert et nous comprenons vite pourquoi : il pleut tout le temps ! Une pluie fine détrempe le sol et les pauvres cyclistes que nous sommes.

Ce temps peu engageant fait fuir les touristes et nous nous retrouvons seuls dans un «complexe touristique» un peu abandonné qui est en fait un grand camping dans la forêt. Quelques chevaux apparemment embauchés pour tondre la pelouse et de beaux oiseaux multicolores payés pour diffuser la musique sont nos seuls compagnons.

19 février : Yala – Jujuy

Un autre changement a lieu aujourd’hui. Pas dans le paysage cette fois-ci mais dans les villages que nous traversons. Finies les petites maisons en adobe regroupées autour de maigres jardins. Place aux grandes propriétés, aux villas immenses et aux jardins anglais. Nous quittons définitivement cette Argentine aux airs de Bolivie pour entrer dans la partie riche du pays. A Jujuy, nous sommes comme à la maison. Carine erre dans un supermarché «Carrefour» à la recherche désespérément de fromages français. «C’est français Carrefour ?» me dit-elle. «Bah, regarde, nous faisons la queue aux caisses comme en France» lui dis-je pour la rassurer. Remarquez que ça en vaut la peine : roquefort, jambon cru, saucisson, raisins secs et vin rouge dans notre petite chambre d’hôtel ce soir.

20 et 21 février 2011 : Jujuy

Retour à la modernité à Jujuy, première ville d’importance que nous traversons. Nous profitons d’un vélociste bien achalandé pour changer la roue arrière du tandem par un roue équivalente (en 36 rayons pour les spécialistes), acheter une nouvelle selle et un casque pour Mahaut qui passe de plus en plus de temps sur le cadre de mon vélo et de nouvelles pédales pour Zoé dont une était cassée. Après cette remise à neuf de nos vélos, nous partons soigner nos estomacs affamés tout en vérifiant que les Argentins sont bien les plus gros mangeurs de viande du monde. Une «parillada» (ensemble de viandes et abats grillés) prévue pour deux suffira à toute la famille pour…deux repas.

22 février 2011 : Jujuy – El Carmen

Après avoir difficilement trouvé la route secondaire qui va à Salta et nous permet d’éviter l’autoroute, nous roulons enfin paisiblement à travers les champs de tabac (qui logique mondialisée oblige, sera fumé en Chine).

Régulièrement, la pluie nous accompagne sans que cela soit vraiment gênant : il fait tellement chaud que l’on sèche immédiatement. A El Carmen, nous rejoignons la route «de la corniche» qui passe à proximité des «diques», lacs artificiels utilisés pour fournir l’eau aux villes alentours.

Un parc municipal avec barbecue, chevaux (peut-on les mettre sur le grill ?) et piscine nous permet de planter la tente. Sauf que la pluie est plus forte que jamais. Carine me montre du doigt un endroit qui devrait rester sec toute la nuit et qu’il faut ajouter au top 5 des lieux de camping les plus improbables que nous ayons fait :

23 février : El Carmen – La Caldera

Après El Carmen, la route 9 devient étroite, vallonnée et presque sans circulation. Le rêve des cyclistes. Elle traverse une flore de plus en plus exubérante où tout est plus grand, même les insectes (voir le film de Zoé, seule assez courageuse pour les approcher) : tarentules géantes et sauterelles de belle taille (on peut les mettre sur le grill aussi ?). Il faut que l’on pense à bien fermer la tente le soir…

Arrivés dans un camping au prix dérisoire et à la douche chaude, nous discutons avec un couple d’Argentins qui nous parle de l’évolution de leur pays : selon eux, la télévision est en train de crétiniser les gens, la peur de l’immigré devient prépondérante dans les relations avec les pays voisins et l’école nivelle par le bas. C’est pas moi qui l’ai dit.

24 février 2011 : La Caldera – Salta

Notre petite angoisse quand nous arrivons aux abords d’une grande ville, c’est souvent comment atteindre le centre-ville sans finir écrasés. Nos diverses expériences sud-américaines en la matière ont laissé des traces. C’est oublier que nous sommes en Argentine, pays où beaucoup de gens se déplacent à vélo. Une piste cyclable nous emmène de l’entrée de l’autoroute au centre ville sans heurts. Voilà une bonne première impression de la ville. La suite, nous vous la raconterons quand elle sera arrivée ! Car n’oubliez pas : prisamata !

Mafalda, Omar et Luis ou l’hospitalité version argentine

Suite à un problème de «propagation des DNS», l’accès au site a été bloqué plusieurs jours. C’est décevant mais pas très grave. Vous avez été nombreux à nous écrire mais les mails aussi étaient bloqués. Voici donc l’article de la semaine dernière, resté en rade dans les tuyaux insondables du grand World Wide Web.

Depuis que nous sommes en Argentine, nous sommes sous le charme de la gentillesse des Argentins. Mais nous n’avions pas encore retrouvé cette hospitalité désarmante que nous avions connue au début de notre voyage en Equateur ou au travers de quelques rencontres au Pérou et en Bolivie. Et bien c’est ici, au coeur de cette région au climat très chaud, que nous sommes à nouveau invités à partager un peu du quotidien des autochtones.

17 mars 2011 : San Blas – ?

Une toute petite étape pour aller profiter de la fraîcheur d’un torrent. Comme on nous l’a dit, le site est beau. Mais son entretien laisse à désirer : des poubelles un peu partout et pas mal de dégradations. Un petit air de site à l’abandon alors que ces installations sont récentes. C’est malheureusement souvent le cas ici : les mairies mettent beaucoup d’argent pour aménager de superbes structures municipales mais semblent oublier le budget alloué à l’entretien. Le bon côté des choses, c’est que c’est gratuit et que nous avons tout le confort souhaité : une table, des bancs, de l’eau et un endroit pour faire le feu.

Sur la route, un super couple d’Allemands qui donne aux enfants des bonbons et de quoi acheter des «ice-creams»…

Comme je me demande si toutes ces sucreries sont bonnes pour les nouvelles dents de Zoé, j’en mange une partie.

18 mars 2011 : ? – Pituil

Autant il était difficile d’observer des condors au Pérou alors que pourtant «el condor pasa», autant nous en voyons chaque jour en Argentine le long de la route 40. Aujourd’hui, ils sont quatre à tourner au-dessus de nos têtes. Ils doivent lorgner sur notre sac de nourriture à l’arrière de la carriole. J’essaie de faire quelques photos mais ils sont timides.

A part ces beaux oiseaux, la route devient vraiment ennuyeuse. Comprenez : les lignes deviennent droites et le relief plat. Nous arrivons à Pituil complètement démotivés. Evidemment, c’est oublier un peu vite qu’en Amérique du sud, il se passe rarement une journée sans événements marquants. Ici, c’est Mafalda qui crée la surprise. Alors que nous cherchons où dormir, elle nous invite dans sa grande maison. Nous nous retrouvons attablés à siroter un mate pendant qu’elle nous parle de son voyage en Allemagne pour aller voir son fils. Le plus difficile pour nous sera de s’adapter au rythme argentin : repas à 11h pour aller au lit vers minuit. Entre deux bonnes étapes de vélo, nous passons pour des couche-tôt !

19 mars 2011 : Pituil – Chilecito

Partis tôt pour effectuer une longue étape, rassasiés par le petit déjeuner de Mafalda, nous roulons vite, le sourire aux lèvres quand patatra ! Carine a son pneu arrière à plat et lamentablement déchiré au niveau du flanc. Heureusement que l’on transporte au fond d’une sacoche un pneu de rechange pliable. L’étape est sauvée mais la réparation nous fait perdre l’avance que nous avions.

Encore 75 km en quelques lignes droites. Ca devient pesant et contrairement aux Andes que l’on a connues où le paysage change à chaque col, à chaque vallée, rien ne distingue vraiment sur la route une étape de la précédente. Si ça continue, nous allons prendre la machine à remonter le temps (comprenez : le bus) pour allez voir plus bas si la route est plus intéressante.

Par contre, si le chemin ne nous donne pas vraiment notre lot quotidien de surprises, les rencontres s’enchaînent de façon presque ininterrompue. Après Mafalda et sa bonne humeur communicative, nous sommes abordés aujourd’hui par Luis qui vient d’effectuer un voyage à vélo en Afrique et nous invite à venir dormir chez lui à Mendoza. Puis arrivés à Chilecito, c’est Omar qui nous guide à travers la ville jusqu’à sa maison où il nous offre à boire et à manger. Nous n’y dormirons pas car la place manque un peu – ils sont déjà six à vivre là – mais nous repartons les bras chargés de vivres. Zoé offre une partie de ses quelques jouets et livres aux enfants d’Omar. Elle aussi, le voyage la transforme petit à petit, sa générosité prenant modèle sur la générosité sud-américaine. Omar parle des Argentins qui sont trop «pacifiques» pour se battre. Se battre pour travailler et se battre contre des hommes politiques corrompus. Un mot qui finalement les définit mieux que «nonchalant». Omar se contente de sa petite maison et ne veut pas trop travailler. Un discours aux antipodes du discours européen et de la sacro-sainte consommation à outrance qui semble être notre seul salut.

20 et 21 mars 2011 : Chilecito

Chilecito est indiqué comme un petit pueblo sur notre carte. Erreur ! (une de plus), Chilecito est une ville. Et tant mieux, nous avons besoin de faire quelques petits achats. Alors, bien installés dans un vieil hôtel où l’on peut camper (une fois n’est pas coutume, nous prendrons une chambre, la différence de prix étant minime), nous passons ce dimanche à l’ombre du patio, la chaleur étant écrasante, à écrire quelques articles sur le blog. Zoé et Mahaut aussi mettent leur journal à jour. And just for you, my English speaking friends, I’ve updated the english part. Merci qui ?

Accueil chaleureux dans une région froide

Avant de vous parler du froid, de la neige et des tempêtes de la Patagonie, quelques souvenirs de Mendoza, où nous nous plaignions d’avoir trop chaud;-)

Merci Luis et Patricia !

Et puis plus de 1000km plus bas, commence la Patagonie synonyme pour nous du retour des vélos, du changement de temps, du difficile passage de la frontière, de nos amis de la Conaf, de Jorge et Sandra ou l’hospitalité version chilienne, des volcans et des lacs. Des moments difficiles et des moments exceptionnels. La vie, en somme.

Du 07 au 11 avril 2011 : Bariloche

En attendant nos vélos…

12 avril 2011 : Bariloche – Santa Maria

Alors que l’on retrouve enfin nos chères bicyclettes, nous avons la mauvaise surprise de devoir payer quatre fois le prix de leur transport. Heureusement, Philippe, consul efficace, réussit avec brio et fermeté à ramener tout au tarif prévu. Après toutes ces discussions, nous partons tard, trop tard pour rallier la prochaine ville. Tant pis, nous profitons du paysage vallonné au bord du lac et même la pluie et le vent n’arrivent pas à entamer notre moral. Nous sommes tellement contents d’être à nouveau sur la route ! Trempés et transis de froid, nous campons au bord du lac.

13 avril 2011 : Santa Maria

Il a plu toute la nuit et au petit matin, la pluie s’est transformée en neige. Nous sommes bloqués par une mini tempête et préférons rester sous la tente. En début d’après-midi la pluie se calme mais pas le vent. Je pars à vélo pour essayer de trouver un peu de nourriture mais je reviens bredouille. Il n’y a rien ni personne dans les environs. J’essaie de faire un peu de feu pour sécher nos affaires mais avec du bois détrempé, ce n’est pas vraiment possible. Nous passons donc toute la journée dans notre 4m2 en espérant que le temps s’améliore. Les filles sont ravies !

Le soir, Selma, la voisine de la maison d’en face (que nous pensions abandonnée), nous offre de quoi démarrer notre feu, de l’eau chaude, du pain et quelques beignets. La gentillesse incarnée.

14 avril 2011 : Santa Maria – Villa la Angostura

La Patagonie est comme on nous l’avait dit : belle, froide et terriblement ventée. Emmitouflés dans nos cagoules et tous nos habits sur nous, nous devons affronter le vent. Serait-ce la seule région du monde où il faut pédaler dans les descentes ? Nous arrivons à Villa la Angostura. Ce gros village a tout d’une station de ski : tout y est propret et plus cher qu’ailleurs. Mais la neige fondue qui ne cesse de tomber nous incite à passer la nuit ici et à remettre notre lente progression vers le Chili à demain.

15 avril 2011 : Villa la Angostura – Tres Hermanas

Le ciel s’est dégagé et pour la première fois depuis bien longtemps, le vent s’est arrêté. Nous en prenons plein les yeux : route enserrée entre les lacs, sommets enneigés et forêts immenses. Tout ici nous rappelle le Canada. Nous nous arrêtons au pied du col où nous demandons aux dernières maisons un endroit pour dormir. Nous louons finalement une petite maison en bois planquée dans la forêt.

Ce soir, je continue à lire «Sisters in the Wilderness», la biographie de Susanna Moodie et Catharine Parr Trial, deux soeurs venues d’Angleterre et qui s’installent au nord du Canada avec leurs maris au début du 19ème dans l’espoir d’un avenir meilleur. On y découvre les conditions de vie incroyablement difficiles de ces colons. Je me sens un peu dans leur peau, essayant de réchauffer la pièce avec une petite cuisinière à bois.

16 avril 2011 : Tres Hermanas – Anticura

Comment raconter cette journée ? Elle avait bien commencé. Nous quittons notre cabana sous un ciel relativement clément. A la douane argentine, nous faisons bien rire les douaniers avec nos vélos. Puis commence la longue montée dans la cordillère vers la frontière avec le Chili. Les paysages sont époustouflants et nous avançons bien. A une dizaine de kilomètres du col, la pluie commence à tomber. Rien de bien grave, c’est souvent comme ça dans les cols andins. Puis c’est la neige. Au début c’est amusant sauf que rapidement il fait terriblement froid et la route devient trop glissante pour pédaler.

Nous grelotons en poussant les vélos. A 300 mètres du sommet, avancer devient impossible. Mahaut est prise de sanglots et Zoé a du mal à retenir ses larmes également. Nous faisons signe et deux pick-up s’arrêtent et nous aident à charger les bicyclettes pour nous emmener jusqu’à la douane chilienne une quinzaine de kilomètres plus bas. Encore une fois, comment remercier ? Par ailleurs, ils nous informent que la météo avait bien prévu des chutes de neige alors que tout le monde depuis hier (douaniers compris) nous assure que la route est parfaitement dégagée et ne présente aucune difficulté. Nous sommes transis de froid et il faut effectuer les formalités de douane. Il faut jeter toute nourriture d’origine animale ou végétale non emballée. Nous disons adieu à notre réserve de fromage. Et ça ne rigole pas : un chien est chargé de flairer tous les sacs et s’il trouve quelque chose de frais, gare à l’amende. Finalement nous repartons sous la pluie pour rejoindre l’entrée du parc national. Quand nous demandons au gardien où dormir, il nous invite chez lui !

Dans la soirée, Carine s’aperçoit qu’elle a oublié deux beaux saucissons dans un de ses sacs. Merci le chien !

17 avril 2011 : Anticura – Aguas Calientes

Notre hôte nous indique la route à suivre pour atteindre les sources d’eau chaude du parc, à peine 20 kilomètres. Au son du mot «Caliente», nous enfourchons nos vélos. D’après lui, nous pouvons dormir chez ses collègues de la Confédération Nationale Forestière (Conaf). Nous suivons la route qui part vers l’Ouest encadrée d’une végétation luxuriante qui prouve que nous sommes dans une zone très humide. D’ailleurs la pluie est omniprésente. Les gens disent que c’est comme en Irlande. Mais c’est faux, en Irlande, entre deux averses il y a un peu de soleil. Ici, entre deux averses, il pleut. Mais il fait moins froid que du côté argentin. Après quatre derniers kilomètres de montée très difficile, nous arrivons au complexe touristique des eaux thermales. Jorge et Sandra nous abordent. Ils nous ont vus hier à la douane. Ils nous proposent tout naturellement de dormir dans leur cabana au bord du lac à 30 km d’ici. Une nouvelle fois complètement désarmés devant tant d’attention, nous prenons les clés de leur maison de campagne que nous rejoindrons demain. En attendant, pour cette nuit, si nous voulons profiter des sources thermales, il faut trouver un hébergement. Les cabanas sont hors de prix et le camping est fermé. Alors direction nos amis de la Conaf. C’est Pablo, un étudiant travaillant ici le week-end qui nous propose de dormir dans son «logement de fonction» pour éviter la pluie et le froid. Il fait des études pour être prof d’histoire-géographie grâce à une bourse et à un prêt à la banque. Nous discutons des conditions de travail ici au Chili mais il serait un peu long de tout détailler maintenant. Une autre fois.

18 avril 2011 : Aguas Calientes – Entre Lagos

Les quatre kilomètres de difficile montée d’hier se transforment en quatre kilomètres de pure descente à 60km/h. Les paysages sont radicalement différents de ceux que nous avons connus en Argentine. La terre desséchée a laissé place à une végétation gorgée d’eau. Les immenses plaines sont remplacées par des lacs surveillés par d’imposants volcans. Et parce qu’il ne peut pas toujours pleuvoir, le soleil vient enfin nous réchauffer. Nous arrivons à la petite maison au bord du lac de Jorge et Sandra. L’endroit est tout simplement paradisiaque et nous pouvons y rester quelques jours. Tant de gentillesse, c’est tout simplement encore et toujours désarmant.

19 au 21 avril 2011 : Entre Lagos

Confortablement installés dans la casita de Sandra et Jorge, nous regardons tomber la pluie…

22 avril 2011 : Entre Lagos – ?

Après la tempête d’hier, les quelques rayons de soleil de ce matin nous laissent espérer que la journée va être belle. A peine avons-nous fini d’acheter notre ravitaillement pour les jours à venir que nous sommes rincés par une averse. Nous décidons de continuer quand même (merci Carine !). Comme prévu la route n’est pas asphaltée et peu de voitures passent par ici. Une tranquillité qui sied bien à ces paysages d’eau et de volcan où paissent le vaches. Le froid et la nuit tombent tôt et dès 17h nous cherchons où dormir. Dans les bois, bof, c’est trempé. Chez les carabineros, nous faisons chou blanc. C’est finalement dans l’exploitation agricole de Sylvia et Antonio que nous trouvons refuge. Ils ont quelques lits pour les ouvriers qui viennent ici à la semaine. Mais durant ce long week-end de Pâques, il n’y a personne. Ils nous offrent le gîte avec une gentillesse et une discrétion toute chilienne.

23 avril 2011 : ? – Las Cascadas

La région des lacs est aussi la région des volcans endormis ou presque. Quand le ciel est découvert, on peut apercevoir leur forme presque parfaite. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui où il faut se contenter de points de vue magnifiques sur le lac.

La région, plutôt touristique, offre quelques hébergements originaux. Ainsi cette grande maison coloniale où notre flair nous dit de nous arrêter. Nous y sommes chaleureusement reçus et le soir nous composons nous-mêmes le menu en allant chercher les légumes directement dans le potager.

24 avril 2011 : Las Cascadas

Après un petit déjeuner gargantuesque, il est temps de partir … à pied. C’est plus adapté à l’exploration des plages de sable noir du lac. A midi, repas à nouveau gargantuesque à base d’empanadas de mariscos (chaussons fourrés aux fruits de mer, faudrait suivre un peu !) . Si nous avions su que chacun pesait près de 250g, nous n’en n’aurions pas pris deux douzaines. C’est ça de changer de pays, il faut s’habituer. Et pour faire passer tout ça, une bière pression, la première depuis des mois. L’explication : ici 80% de la population est d’origine allemande.

25 avril 2011 : Las Cascadas – Ensenada

Nouveau petit déjeuner chez Marcelo et c’est le départ pour une étape courte au pied du volcan Osorno. Il n’y a ni vent ni pluie et en fin d’après-midi les nuages se retirent pour nous laisser devant un spectacle magnifique : deux volcans encadrent une baie superbe. Allongés sur la plage, nous savourons ces instants de repos en pensant à la nuit que l’on va passer au chaud dans un chalet à quelques pas du lac à un tarif basse saison bien négocié. Life’s good !

Trois p’tits tours et puis s’en vont


Déjà, nous sommes repartis du Chili car les glaciers des Andes sont plus accessibles côté Argentin. Nous aurons seulement entrevu une petite partie au sud du pays mais c’était la région qui nous attirait le plus. De la région des lacs et de l’île de Chiloé, nous retiendrons l’hospitalité sans condition de Jorge et Sandra, Sylvia et Antonio et des gardes forestiers, le curanto d’Ana Maria, les volcans somptueux, la beauté sauvage de l’île, les mauvaises pistes et les plages immenses du pacifique. Et la pluie, le vent, le froid et les tempêtes. On ne peut pas vivre coincé entre la cordillères des Andes et l’océan pacifique et à une telle latitude sans composer avec les éléments naturels. Mais c’est là que réside tout le charme de la Patagonie chilienne. Il faut passer des heures à regarder tomber la pluie pour comprendre le soin apporté aux intérieurs chiliens.

Nous avons aussi adopté pour cette région un autre mode fonctionnement : nuits chez l’habitant et exploration à vélo d’une petite zone sur un grand laps de temps qui nous ont donnés pour une fois l’impression de ne pas être juste de passage mais un peu plus sédentarisés. D’ailleurs on nous a plusieurs fois demandé si nous étions installés ici !

Et avec toutes les difficultés que nous avons eu à trouver un bus pour nous faire traverser à nouveau ce col enneigé et franchir ces douanes compliquées, nous avons bien failli y rester.

En conclusion, ce fut un mois moins intense en souffrances physiques (quoique !) mais où nous avons pris plus de temps pour réfléchir à ce que nous avons fait en Amérique du sud et à l’avenir. Y’aura une vie après le vélo !

Un bon gros village



Tout le monde n’aime pas Buenos Aires. Ses détracteurs la disent trop bétonnée, trop grande, trop agitée, trop dangereuse. Nous avons la chance de la découvrir avec Maria et Juan, passionnés par cette ville qu’ils connaissent comme leur poche. Résultat : nous tombons en une (longue) journée sous le charme de cette mégapole dont Maria nous narre les passionnantes histoires. Celle du quartier de La Boca, ce port, aujourd’hui fermé, où tout a commencé quand les premiers colons venus d’Espagne et d’Italie viennent pêcher. Quartier populaire (terme politiquement correct pour dire pauvre) où les familles de marins prenaient la peinture destinée aux bateaux pour repeindre leurs masures qui donnent au quartier ce côté coloré faisant oublier pour un temps que les maisons sont en tôle et que plusieurs familles s’y entassent.

C’est ici que fût inventé le Tango, de la rencontre d’une culture européenne et d’une culture locale et surtout de celle des prostituées avec leurs clients. Les Argentins attendront prudemment que cette danse soit à la mode en Europe pour l’adopter dans les milieux bien-pensants.

Plus loin nous atteignons la réserve naturelle, bande de terre gagnée sur le fleuve rio de la plata en entassant les restes des bâtiments rasés en centre-ville pour créer l’avenue 9 de Julio, la plus large du monde. Amusant de voir l’ancienne promenade en bord de mer devenue promenade en bord de champs.

Vient ensuite la place de Mayo, centre historique de la ville sur laquelle marchent encore tous les jeudis les mères des disparus de la dictature. Ces mères venaient ici demander au pouvoir militaire des explications sur la disparition de leurs enfants. Rassemblées devant la casa del gobierno, les gardes leur intimaient l’ordre de bouger, les attroupements de personnes étant interdits. Elles bougèrent et se mirent à marcher autour de la place. Elles n’ont cessé de le faire jusqu’à aujourd’hui pour maintenir le souvenir des ces terribles années.

Le parque de la memoria a été créé il y a quelques années dans le même but. Sur un immense mur sont fixées les plaques des disparus. C’est en 1976, début de la dictature la plus dure que connaîtra l’Argentine, que commence la longue liste. Plusieurs centaines de mètres plus loin, nous arrivons en 1983, fin du régime militaire. Le parc est situé en bordure du fleuve dans lequel des centaines de corps d’opposants au régime ont été jetés. «Les touristes ne viennent pas jusqu’ici» déplore Maria qui a tenu à nous montrer ce lieu relatant une partie de l’histoire que beaucoup d’Argentins ont encore du mal à accepter.

Toute visite de Buenos Aires ne serait pas complète sans aller faire un tour avenida corrientes, le broadway sud-américain, ni sans admirer la grandeur du teatro colon ou bien encore l’ambassade de ce petit pays qui a fait construire ici un véritable palais qui a dû coûter cher à ses contribuables : la France .

Allez, un petit jeu : saurez-vous reconnaître les trois idoles argentines de la photo suivante ?

Indice : un footballeur, une femme politique et un chanteur.

Dans les jours qui suivent, nous apprenons que Buenos Aires est capitale du livre cette année et que Paris est à l’honneur dans plusieurs manifestations. Résultat, on se voit offrir tout un panel d’activités culturelles francophiles inattendues : courir avec Zoé voir monsieur Hulot, le vrai, celui qui nous fait rire depuis 60 ans avec ses vacances, pas le présentateur de télé qui veut être président (le premier qui dit qu’il nous fait bien rire aussi le garde pour lui). A l’occasion des 100 ans des éditions Gallimard, aller manger quelques petits fours avec un ancien ministre de l’éducation, dont je ne connaissais que les portraits garnis d’insultes brandis pendant les manifestations. Robert Doisneau aussi est à Buenos Aires avec ses clichés parisiens. Plus loin, c’est Louise Bourgeois qui est à l’honneur. Bref, on ne sait plus trop où donner de la tête tant nous avons été privé de cette culture européenne pendant un an. Evidemment, arpenter une grande ville n’a plus grand chose à voir avec les hauts plateaux andins même si on se sent parfois aussi seul dans le métro bondé que sous la tente poussée par le vent en Bolivie. Et ce séjour nous apporte finalement le meilleur des deux mondes : une richesse culturelle étonnante avec une ambiance décontractée toute sud-américaine.

Vous l’aurez compris, nous repartirons nostalgiques de ce continent. Ce sera le 2 juillet à bord d’un gros cargo rouillé. Une autre façon encore de traîner encore un peu et de prolonger le séjour. Une suite finalement assez logique du vélo. Lent, passé de mode, le voyage en bateau est un peu le cousin maritime du voyage à vélo. L’occasion pendant 4 à 5 semaines de trier nos photos, nos vidéos, nos idées et d’arriver au Havre en paix pour rejoindre en pédalant notre Ain adoptif. Pour finir, le trajet final de notre voyage devrait ressembler à ça :

Il est plus que jamais temps de vous dire à bientôt.

La Babel des mers



Après la désastreuse journée d’hier, nous repartons vers le port après s’être assurés que le cargo était bien arrivé. Reçus assez froidement par celui qui doit nous faire entrer dans le port industriel (une vague de froid s’est abattue sur le nord de l’Argentine, ceci peut expliquer cela…), nous chargeons les vélos dans une camionnette pour aller jusqu’au pied de notre nouvelle maison. Changement d’ambiance : nous sommes chaudement accueillis par les marins qui prennent immédiatement en charge nos bagages.

Nous rangeons notre espagnol encore tout chaud pour sortir notre anglais un peu rouillé sur ce bateau italien où nous rencontrons les 4 autres passagers allemands au milieu d’un équipage philippin. C’est la Babel des mers ce navire.

Je passe les détails techniques du cargo. Pour faire simple, il s’agit d’un monstre de plus de 200 mètres de long sur 50 mètres de haut dont les entrailles sont remplies de voitures neuves et le pont arrière de containers.

Nous sommes sur le point de partir et le repas est déjà servi. Il est à la hauteur de l’accueil. Ca fait bien longtemps que je n’avais pas vu autant de plats se succéder. Il va falloir se restreindre sinon gare à l’obésité à l’arrivée.

Tiré par deux remorqueurs, le cargo sort lentement du port et nous profitons de superbes vues sur la skyline de Buenos Aires.

Nous sommes émus de quitter ce petit monde argentin et de commencer un rêve. Zoé et Mahaut semblent heureuses de ce nouveau départ et un peu impressionnées par le gigantisme du port et de ses machines.

06 juillet 2011 : Buenos Aires

Alors que je discute avec le second officier du retard pris par le cargo, un bruit sourd retentit dans la pièce. Il me regarde amusé : «Ce n’est rien. Nous venons de jeter l’ancre.

– Ah bon, on s’arrête ?

– Oui, pour 2 jours.

– Mais on vient juste de sortir du port !

– Oui mais comme nous sommes en retard, il nous faut attendre un autre cargo.»

Ainsi à quelques kilomètres seulement de Buenos Aires, nous sommes déjà immobilisés. Le fier bateau filant sur l’océan avec ses valeureux passagers, c’est pour un peu plus tard. Ce n’est pas bien grave, nous sommes plutôt bien logés. Deux cabines simples mais spacieuses, trois repas hyper complets et un équipage souriant qui nous fiche une paix royale. Pas d’activité programmée, pas de soirée à thème, pas de planning. Des journées entièrement à nous.

Un seul truc m’inquiète : toutes ces rampes dans les couloirs et sur le pont pour s’accrocher. Ca va bouger tant que ça sur ce bateau ?

07 juillet 2011 : Buenos Aires

Petit à petit, nous organisons nos journées à bord. Réveillés à 7h pour prendre le petit déjeuner, il faut jongler ensuite avec les activités disponibles. Un peu de marche d’abord. Environ 150 mètres sont disponibles en longueur sur le pont supérieur. Avec 25 mètres de large, ça nous fait 350 mètres de balade entre les containers. En 3 tours, voilà notre kilomètre de marche. Les deux ponts inférieurs, protégés du vent sont parfaits pour profiter de la vue en lisant un bon livre. Pour les acharnées du vélo comme Carine, la salle de sport propose quelques engins de torture. Pour ma part, avec les filles, on préfère le baby-foot et la table de ping-pong.

08 juillet 2011 : Zarate

Les cargos, contrairement aux paquebots de croisière, ne sont pas équipés de stabilisateur. Et même par mer calme, ils effectuent leur doux mouvement de balancier. Cette nuit, nous avons remonté le rio de la plata jusqu’à Zarate. Et bien même sur le fleuve, ça tangue. Au petit matin, le décor a changé quand j’ouvre les rideaux de la cabine : des voitures neuves à perte de vue. Et c’est pour charger (ou décharger) des véhicules que nous faisons cette étape initialement non prévue.

Zarate n’est sur aucun guide et presque sur aucune carte. C’est bien normal. Rien de bien folichon excepté un de ces cafés notables où l’on remonte le temps et de vieux taxis à bout de souffle avec chauffeurs bavards. Nous pouvons dépenser nos dernier pesos dont aucune banque ne voudra en France.

09 juillet 2011 : Zarate

Aujourd’hui, c’est la fête. Le fête nationale. La célébration de l’indépendance de l’Argentine. Nous avons vu tellement de rues, d’avenues et de boulevards qui portent le nom de «9 de julio» qu’il est impossible pour nos cerveaux de ne pas faire un petit sursaut en voyant le calendrier ce matin. Mais sur le bateau, point de jour férié. On charge et on décharge dès qu’on est à quai. C’est le cas encore aujourd’hui. Deux options s’offrent à nous : rester à bord à regarder passer les bateaux ou retourner au centre-ville. Nous ne résistons pas à l’idée d’aller encore une fois nous régaler de l’ambiance argentine,de la décontraction de ses habitants et de profiter du calme des rues pendant l’heure de la sieste.

Il ne doit pas y avoir souvent d’enfants à bord des cargos. C’est la seule explication que je trouve au déluge de cadeaux qu’elles reçoivent des membres d’équipage. Aujourd’hui, c’est le capitaine qui leur offre des poupées, le chef ingénieur un film et le responsable du chargement des bonbons. Allez vous battre pour les éduquer après ça !

C’est fini

Nos familles, des amis sur la route, d’autres qui nous ont accompagnés à vélo, des messages plein d’encouragement, un accueil chaleureux, voilà le bilan de cette dernière étape. Nous vous remercions tous. C’est étrange et agréable de se retrouver ainsi chez soi après 14 mois de nomadisme.

MERCI !!

Nouveau départ

Dans quelques heures, nous nous envolerons vers Quito pour mettre les pieds (et les roues) dans un continent qui nous est inconnu mais qui nous a fait tant rêver. Et déjà, par mail, nous entrons en contact avec des gens qui proposent leur aide pour venir nous chercher à l’aéroport avec nos kilos en trop (ceux des bagages). Comment répondre à tant de bienveillance de la part de ces personnes qui vont devenir en quelques heures des amis dans ce voyage qui ne va pas cesser de nous étonner? D’avance merci à Marco et sa famille et à Luis et à tous ceux qui ont répondu présents mais qui pour diverses raisons ne peuvent pas nous accueillir à cette période.

Avant de franchir l’océan et cette nouvelle étape du voyage, on s’était promis de faire le bilan de notre petit échauffement franco-espagnol mais le rythme de Barcelone a eu raison de notre détermination (« tranquilo, tranquilo » qu’ils disent).

Entre deux déambulations dans la vieille ville, un passage à la plage, et la visite des monuments d’architecture de Gaudi, je vais tenter d’écrire quelques lignes pour essayer d’attraper ce qui reste de la spontanéité chère à ce blog.

En France, nous aurons rouler 830km en 24 jours pour traverser ce petit morceau de France. Nous aurions pu aller plus vite (en voiture par exemple) mais nous serions passer à côté de ses rencontres inattendues, de cette hospitalité incroyable et de ces regards encourageants devant notre drôle de caravane.
Nous aurions pu aller moins vite (à pied par exemple) mais alors comment motiver les enfants devant la longueur exaspérante qu’aurait duré cette traversée ?
Nous redoutions un peu de ne pas apprécier pleinement le voyage à vélo, nous sommes étonnés du rythme idéal qu’il donne à la découverte.
Nous redoutions les voitures, nous nous sommes aperçus qu’en France, à condition de ne pas compter les kilomètres, il est très facile de leur échapper.
Notre court voyage en Espagne (pardon, en Catalogne;-) de 290km a lui été bien différent. Nous avons moins apprécié les routes trop chargées et la quasi absence d’itinéraires secondaires mais nous avons été reçu chez l’habitant tous les soirs et ces rencontres resteront la meilleure partie de ce trajet. Qu’elles soient dues au hasard ou préparées à l’avance, nos soirées nous ont beaucoup appris sur cette région. Dommage que ces rencontres soient si brèves mais c’est peut-être de cette brièveté que vient la magie du voyage.
Et c’est ici, à Barcelone, que s’achève la première partie de notre voyage, celle en terrain connu et si près de chez nous. Ce voyage nous fait redécouvrir, avec nos enfants, les plaisirs simples de la randonnée itinérante et ses préoccupations à très court terme : trouver de l’eau, de quoi manger et un endroit où dormir. A part cela, pas d’autres soucis et beaucoup de temps pour réfléchir. Le vélo et le rythme un peu hypnotique du pédalage sont d’ailleurs propices à la réflexion.

Retour vers le futur

Plus de deux mois ont passé depuis notre retour. Pris dans le tourbillon des retrouvailles et du retour à la vie occidentale, nous n’avions pas vraiment eu le temps de nous retourner sur ces 14 mois hors du temps. Bien évidemment, la curiosité de ceux que nous rencontrons et qui sont au courant de notre périple les amène à nous poser des questions. On s’inquiète de notre retour à la « vraie vie ». On se soucie de notre réadaptation. On nous promet (comme toujours) bien des difficultés pour réintégrer la routine. « Ca ne va pas être facile après toutes ces vacances de retourner au travail ! ». Et bien désolé, mais c’est facile, très facile. Ne plus avoir à chercher un endroit où dormir tous les soirs, ne plus s’inquiéter du niveau des provisions, ne plus avoir trop chaud ou trop froid toute la journée, ne plus respirer la poussière des pistes infernales de Bolivie, ne plus lutter contre le vent de Patagonie, ne plus rester une semaine sans se laver, ne plus avoir honte de la misère autour de nous, ne plus manger du riz et du poulet des semaines entières, c’est maintenant que commencent les vacances…avant le prochain voyage ?!

Bien évidemment, nous souffrons déjà du matérialisme ambiant, après avoir vécu avec 8 sacoches et dormi dans 2m2 pendant tout ce temps. L’agression publicitaire, la surmédiatisation, la suffisance de ceux qui savent tout, l’ambiance politique délétère, des banquiers à la tête de pays ruinés par les banques, rien de tout ça ne nous a manqués. Mais dormir dans un lit et puiser dans un frigo à portée de main sont des plaisirs qui nous reviennent facilement.

Et puis ce blog. Je l’avais un peu oubliée la saine habitude d’écrire tous les jours coûte que coûte, le soir sous la tente ou le matin en buvant un café lorsque la fatigue nous avait abattue la veille. Plus le temps, trop de travail, trop de choses laissées en plan qu’il me tardait de reprendre. Et puis ce matin, dans le courrier, des photos envoyées gentiment par un voyageur français rencontré à Tupiza, à quelques kilomètres de la frontière Argentino-Bolivienne :

« La Tienda de… » et les souvenirs me sautent dessus sans prévenir. Nous avons passé plus d’un an de notre vie comme ça, sur des vélos à parcourir un continent trop grand sur des montagnes trop hautes. Ce voyage nous aura permis de sortir de la trajectoire toute droite qui nous était destiné. Rien que pour ça, il fallait le faire.

Le livre

UNE FAMILLE UN MONDE
COUVERTURE SOUPLE
272 PAGES
17cmx17cm

59 photos couleurs

Nouvelles

Salut à tous, fidèles lecteurs de ce blog !

Pas grand chose à se mettre sous la dent ces dernières années. Peu de nouvelles entrées car rien en rapport direct avec le voyage à vélo et l’aventure quotidienne qu’il représente. Pourtant, l’Amérique du sud est restée en filigrane avec l’écriture d’un livre, des conférences et du conseil aux familles tentées par l’expérience. Et les voyages n’ont pas manqué : Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Japon et même les bords de la Loire.

Alors, si je dépoussière aujourd’hui ce bon vieux blog, c’est pour en faire à nouveau le dépositaire d’une aventure bien différente qui se prépare depuis quelques mois. Une aventure qui s’opposera à notre traversée de la Cordillère des Andes sur presque tous les points : un territoire infiniment petit au lieu de l’immensité du continent sud-américain, une chaleur tropicale à la place du froid mordant de l’altiplano, une contemplation immobile remplaçant l’appétit de kilomètres.

Je ne peux que vous promettre autant de sueur, de découvertes et de belles photos dans ce nouvel univers.

Au plaisir de vous retrouver.

A suivre…

Tu sais que tu es à Tahiti quand :

Conférences

Nous proposons d’intervenir pour les écoles et les asociations qui souhaitent parler du voyage et de la découverte en général et du voyage à vélo avec enfants en particulier. Merci de nous contacter (page contact du menu) pour obtenir toutes les informations.

Conférences passées :

BUENOS AIRES – Alliance française – le 17 juin 2011

RIGNIEU-LE-DESERT – la Fraternelle de Rignieux-le-désert – le 10 mars 2012


Presse

Voici une sélection d’articles que nous avons récoltés lors de notre parcours. Il y en a eu certainement d’autres que nous n’avons pas pu récupérer. Merci à tous les journalistes qui ont bien voulu parler de notre petite aventure.

Nous avons également participer à des interviews radio : à Cuenca (Equateur), à Jaen (Pérou) et à Cusco (Pérou).

Un court reportage télé a été réalisé à Santa Maria (Argentine).

Une conférence a eu lieu à l’Alliance Française de Buenos Aires.

Cliquez sur les articles pour les lire entièrement.

Le Progrès de Lyon – le 9 mars 2012

Le Journal de la Côtière – le 8 mars 2012

Le journal du Bugey – le 1er septembre 2011

La Côtière – le 1er septembre 2011

Journal du Bugey – Chazey / Ain (France) – le 09 septembre 2010

La Centinela – Loja, Equateur – 19 septembre 2010

El Mercurio – Cuenca, Equateur – 10 septembre 2010


La Tarde – Cuenca, Equateur – 7 septembre 2010



Carnet d’aventure n°21 (03/09/2010)

Contact

Pour nous contacter :
floriancarine@unefamilleunmonde.com